Le cancer de la peau

Le mélanome est un cancer de la peau peu fréquent mais le plus grave. L’exposition aux rayons ultraviolets (soleil ou lampe UV) est le principal facteur favorisant sa survenue.

Le mélanome est un cancer de la peau développé à partir de cellules appelées mélanocytes. Il est aussi appelé dans le langage courant «mélanome malin». Peu fréquent par rapport aux autres cancers cutanés (les carcinomes) (voir encadré ci-dessous), le mélanome est le cancer de la peau le plus grave. Toutefois, lorsqu’il est dépisté à un stade précoce, il peut être traité efficacement.

  • Comment se forme le mélanome cutané ?

    Le mélanome se développe à partir des mélanocytes, cellules de la peau destinées à la synthèse de la mélanine (pigment foncé protecteur de l’épiderme). Sous diverses influences et en particulier après des expositions répétées aux rayons ultraviolets, des mélanocytes vont se multiplier de façon anarchique pour former le mélanome. Le développement s’effectue d’abord en surface avant de continuer en profondeur et de traverser les différentes couches de la peau. Dans 70 à 80 % des cas, le mélanome survient de façon spontanée sur une peau saine. Dans 20 à 30 % des cas, le mélanome est issu d’un ancien grain de beauté qui se transforme en une tumeur maligne.

Les facteurs favorisants du mélanome cutané

Il existe plusieurs types de facteurs qui favorisent la survenue d’un mélanome cutané.

L'exposition solaire

    L’exposition aux rayons ultraviolets naturels (soleil) ou artificiels (lampes à UV) est le principal facteur favorisant connu du mélanome. Ce risque est encore plus important si vous avez :

    • un antécédent de brûlures solaires dans l’enfance ou d’expositions prolongées au soleil pendant l’enfance et l’adolescence ;
    • une profession exercée longtemps en plein air ;
    • vécu dans un pays très ensoleillé.

Les risques liés à l'individu

L’histoire personnelle : une personne qui a déjà eu un mélanome risque davantage d’en développer un second sur une autre partie du corps ou à proximité du premier.

La prédisposition familiale : le risque d’être atteint d’un mélanome augmente si au moins deux parents du premier degré (père, mère, frère, sœur) ont eu un mélanome.

Le type de peau : si vous avez une peau blanche ou claire avec des taches de rousseur multiples (phototype 1 ou 2) et des cheveux blonds ou roux, votre risque augmente.

    La présence de grains de beauté : la présence de grains de beauté est un facteur favorisant dans les cas suivants :

    • vous avez un nombre élevé de grains de beauté (supérieur ou égal à 50) et ils mesurent plus de deux millimètres ;
    • vous avez un grain de beauté congénital géant (présent à la naissance ou apparu rapidement après la naissance) et son diamètre est supérieur à 20 centimètres ;
    • vous présentez deux grains de beauté atypiques ou plus (naevus de diamètre supérieur à six millimètres, de couleur constituée de différentes teintes de brun ou de brun-rouge, de forme irrégulière ou dont le centre est surélevé et les bords irréguliers).

  • Pour surveiller un grain de beauté, utilisez le système ABCDE

    Le système ABCDE aide à découvrir de façon précoce des lésions suspectes de mélanome.

    A

    comme Asymétrie : la forme de votre grain de beauté n’est ni ronde ni ovale. Ses couleurs et ses reliefs ne sont pas régulièrement répartis autour de son centre.

    B

    comme Bords irréguliers : les bords de votre grain de beauté sont déchiquetés et/ou mal délimités.

    C

    comme Couleur non homogène : la couleur de votre grain de beauté est constituée de différentes teintes (noir, bleu, marron, rouge ou blanc).

    D

    comme Diamètre (Diamètre en augmentation) : la taille de votre grain de beauté est supérieure à six millimètres.

    E

    comme évolution : votre grain de beauté change rapidement de taille, de forme, de couleur ou d’épaisseur.

Les symptômes du mélanome cutané

Le mélanome se manifeste le plus souvent par l’apparition d’une tache de couleur brun foncé ou noire sur la peau. Le diagnostic est confirmé par l’analyse anatomopathologique de la lésion. Si le mélanome est détecté précocement, son pronostic est meilleur.

Les symptômes du mélanome

    Les symptômes de ce cancer de la peau dépendent de la manière dont il s’est développé :

    • lorsque le mélanome se manifeste sur une partie de la peau qui ne présentait pas d’anomalie jusqu’alors, une petite tache plane, généralement de couleur brun foncé ou noire (parfois rouge-rosé ou non colorée chez les personnes à peau claire), apparue récemment peut être un signe de mélanome. Cette tache se modifie rapidement, s’étend, puis s’épaissit et finit par changer de forme et de couleur ;
    • lorsque le mélanome se développe à partir d’un ancien grain de beauté, celui-ci augmente alors de surface ou change de couleur et d’aspect ;
    • lorsque le mélanome se développe sous un ongle, une bande brune ou noire apparaît dans le sens de la longueur. Cette bande s’élargit lentement et ne disparaît pas comme le ferait un hématome. Une zone colorée peut également se développer sur la peau, près de l’ongle.

     

    La présence de l’un ou plusieurs de ces signes ne signifie pas forcément qu’il s’agit d’un mélanome, mais justifie de demander un avis médical sans attendre. En effet, il est important de détecter rapidement un mélanome. N’attendez pas et ne négligez aucune anomalie sur votre peau.

Le diagnostic du mélanome cutané

En présence d’une lésion cutanée suspecte, votre médecin traitant vous adresse à un dermatologue qui pratique un examen de la lésion et de l’ensemble de la peau de votre corps. Le dermatologue peut s’aider d’un appareil d’optique grossissant (le dermatoscope) pour cet examen. La lésion suspecte est retirée en totalité (c’est l’exérèse). L’analyse anatomopathologique de cette lésion confirme ou non le diagnostic. Si le diagnostic de mélanome est confirmé, un bilan complémentaire est nécessaire et d’autres examens peuvent être prescrits.

L'évolution

Le mélanome évolue en plusieurs stades. Il est d’abord localisé : les cellules cancéreuses se situent dans la peau uniquement, puis elles envahissent les ganglions proches de la tumeur et les canaux lymphatiques. Enfin, ces cellules gagnent d’autres parties du corps (cerveau, foie, poumons…) : ce sont les métastases. Détecter rapidement un mélanome peut éviter cette propagation et permet de le traiter plus facilement.

Quels sont les différents types de mélanome ?

Les médecins distinguent quatre types de mélanome.

Le mélanome superficiel extensif

C’est le plus fréquent des mélanomes de la peau (70 à 80 %). Il est lié à d’importants coups de soleil survenus dans le passé. Il évolue lentement, de quelques mois à plusieurs années, d’abord superficiellement puis en profondeur. Il se présente sous la forme d’une tache irrégulière brune ou noire qui change lentement sur une période de un à cinq ans, puis rapidement.

Le mélanome de Dubreuilh

Il représente 5 à 10% des mélanomes et atteint principalement les personnes âgées. Il apparaît sous la forme d’une tache noire à marron et touche le visage et les zones exposées au soleil.

Le mélanome nodulaire

Il représente 4 à 18 % des mélanomes. Il se manifeste sous la forme d’un nodule noir ou couleur « peau». Sa croissance est rapide : en quelques semaines ou mois.

Le mélanome acro-lentigineux

Il siège sur la paume des mains (mélanome palmaire), la plante des pieds (mélanome plantaire) ou sous les ongles (mélanome sous-unguéal). Il est aussi appelé mélanome des extrémités. Il apparaît habituellement sous la forme d’une lésion foncée plane, puis sous forme de nodules. Il n’est pas lié à une surexposition aux UV et se manifeste surtout chez les personnes qui ont la peau foncée (phototypes V-VI).

Principales possibilités de traitements

    Stade I et II : mélanome localisé

    • Chirurgie : le mélanome est enlevé.
    • Immunothérapie adjuvante (c’est-à-dire en complément de la chirurgie) par interféron alpha : elle peut être proposée en option pour les mélanomes dont l’épaisseur est supérieure à 1,5 mm. Elle vise à réduire le risque de récidive.

    Stade III : mélanome avec envahissement locorégional (atteinte des ganglions lymphatiques ou présence de métastases « en transit »)

    • Chirurgie : le mélanome est retiré, tout comme les ganglions à proximité.
    • Immunothérapie adjuvante (c’est-à-dire en complément de la chirurgie) par interféron alpha : elle peut être proposée en option. Elle vise à réduire le risque de récidive.
    • Radiothérapie externe : elle peut être utilisée comme traitement adjuvant après discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire.
    • Chimiothérapie : elle peut être proposée pour le traitement des mélanomes que l’on ne peut pas retirer par la chirurgie.

    Stade IV : mélanome avec métastases à distance

    • Chirurgie : l’exérèse chirurgicale des métastases est discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire.
    • Radiothérapie externe : c’est le traitement de référence des métastases osseuses. Elle est éventuellement associée à la chimiothérapie ou à la chirurgie. Elle est dite palliative, c’est-à-dire qu’elle vise à freiner la progression de la maladie, et donc à atténuer les effets de cette progression dont la douleur.
    • Chimiothérapie : elle peut être proposée pour le traitement des mélanomes avec atteinte métastatique viscérale. Elle est proposée pour maîtriser le développement de la maladie et soulager les symptômes d’une maladie avancée (chimiothérapie palliative).
    • Immunothérapie : elle peut être proposée après discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire.

Les traitements du mélanome cutané

Le traitement du mélanome est choisi en concertation entre votre dermatologue, votre médecin traitant, votre cancérologue et votre chirurgien. Il est adapté à votre cas.

Le traitement repose essentiellement sur la chirurgie

    Le traitement du mélanome est essentiellement chirurgical. La chirurgie est parfois complétée par une immunothérapie. Plus rarement, la chimiothérapie ou la radiothérapie peuvent également être utilisés.

    Selon les cas, les traitements peuvent avoir différents objectifs :

      • Guérir le cancer en supprimant la totalité des cellules cancéreuses
      • Réduire le risque de récidive
      • Empêcher le cancer de se développer et de se propager
      • Améliorer le confort et la qualité de vie de la personne malade, en traitant les troubles causés par le cancer ou les traitements et en atténuant les symptômes liés à la maladie, comme la douleur.

     

    Le choix des traitements est adapté au type de mélanome, à son stade au moment du diagnostic, à l’état de santé général du patient. L’avis et les préférences du patient doivent également être pris en compte.

    Une proposition de traitements est établie par des médecins d’au moins trois spécialités différentes (dermatologue, chirurgien, pathologiste, oncologue médical…) dans le cadre d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

    La proposition de traitements est ensuite expliquée au patient au cours d’une consultation du dispositif d’annonce. Après accord de celui-ci, ses modalités sont décrites dans un programme personnalisé de soins (PPS).

D'autres traitements

D’autres traitements peuvent être proposés dans des situations particulières discutées en réunion de concertation pluridisciplinaire :

La destruction des métastases par radiofréquence.

La radiofréquence est une technique de chirurgie qui détruit les cellules cancéreuses par une chaleur intense produite par des ondes. Sous l’action de la chaleur, les tissus s’échauffent et se détruisent. Cette technique est réalisée sous anesthésie générale et nécessite une hospitalisation d’environ 3 jours. L’instrument utilisé se présente comme une aiguille constituée de deux parties. L’une permet de guider l’outil à travers la peau jusqu’à la zone à traiter, l’autre est une électrode qui envoie les sondes sur la tumeur.

La cryochirurgie des métastases hépatiques.

La cryochirurgie est un traitement local qui détruit les cellules cancéreuses par un froid intense. Guidé par une échographie, le médecin insère des aiguilles dans la zone à traiter au travers de la peau afin de congeler la tumeur entre – 40° et – 60°C. Sous l’action du froid, les cellules cancéreuses se rompent et meurent. On parle aussi de cryothérapie.

La chimiothérapie sur membre isolé.

Ce type de chimiothérapie vise à traiter un membre (supérieur ou inférieur) atteint dans son ensemble. La circulation sanguine du membre est dérivée de manière à l’isoler du reste du corps et à interrompre la communication du sang avec le reste du corps. De fortes doses de chimiothérapie sont ensuite administrées dans la circulation isolée. Cette méthode est réalisée dans des conditions d’hyperthermie, ce qui veut dire que la température du sang que l’on fait circuler dans le membre est élevée : entre 38° et 40°. Cela permet une circulation optimale dans la tumeur et ainsi une bonne pénétration des médicaments.

La radiochirurgie stéréotaxique ou des techniques équivalentes peuvent être utilisées en cas de petites lésions cérébrales.

La radiochirurgie stéréotaxique est une technique récente de radiothérapie. Elle consiste à administrer un faisceau de rayons qui se concentrent sur la tumeur pour la détruire. Cette technique est particulièrement utile pour traiter des tumeurs profondes pour lesquelles il serait trop dangereux de réaliser une intervention chirurgicale. Contrairement aux radiothérapies classiques, la radiochirurgie nécessite très peu de séances ; parfois une seule suffit.

Des essais cliniques testant de nouveaux médicaments plus ciblés sont proposés dans les centres spécialisés.