Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent des hommes. Il est rare avant 50 ans et survient le plus souvent autour de 70 ans. Les hommes ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate sont plus fréquemment atteints ainsi que ceux ayant une origine africaine ou antillaise. L’évolution du cancer de la prostate est, en général, lente.

Qu'est-ce que la prostate ?

La prostate est une glande du système reproducteur masculin, de la grosseur d’une châtaigne entourée par une capsule. Elle est située sous la vessie, en avant du rectum. Elle entoure l’urètre, canal qui sort de la vessie et qui permet d’évacuer l’urine.

La prostate sécrète une partie du liquide qui, avec les spermatozoïdes produits par les testicules, compose le sperme. Elle fonctionne grâce aux androgènes, hormones sexuelles synthétisées par les testicules et les glandes surrénales.

Qu'est-ce que le cancer de la prostate ?

Le cancer de la prostate résulte de la transformation maligne progressive de cellules glandulaires prostatiques. Ces cellules se multiplient de façon anarchique pour former une tumeur maligne. Les cancers de la prostate sont, dans la très grande majorité des cas, des adénocarcinomes.

Il existe deux stades d’évolution :

    • le cancer de la prostate localisé ou « intracapsulaire ». Les cellules cancéreuses sont présentes uniquement dans la prostate.
    • le cancer non localisé ou « extracapsulaire »Les cellules cancéreuses s’étendent hors de la prostate, affectant les ganglions lymphatiques et les os, formant ainsi des métastases.

     

    Le cancer de la prostate est majoritairement un cancer à évolution lente (10 à 15 ans) et reste longtemps localisé. Certains restent même latents, n’entraînant aucun symptôme. Il existe cependant des formes d’évolution rapide.

Certains hommes sont plus exposés que d’autres au cancer de la prostate.

Voici les facteurs de risque établis :

    • l’âge : le risque de cancer de la prostate augmente avec l’âge. Il est rare avant 50 ans. C’est autour de 70 ans que le nombre de cas diagnostiqués est le plus important ;
    • les antécédents familiaux: selon l’histoire familiale, un cancer de la prostate peut survenir sous trois formes :
      • La forme sporadique, c’est-à-dire non héréditaire. C’est la forme la plus répandue,
      • la forme familiale, c’est-à-dire lorsqu’il existe au moins deux cas de cancer de la prostate chez des apparentés du premier degré (père, frère) ou du second degré (grand père, oncle). Cette forme familiale représente 20% des cancers de la prostate,
      • La forme héréditaire, qui se définit par l’existence d’au moins 3 cas de cancer de la prostate chez des apparentés du premier degré (père ou frère) ou du second degré (grand père, oncle), ou de 2 membres de la famille diagnostiqués avant l’âge de 55 ans. Cette forme héréditaire représente 5% des cancers de la prostate ;
    • certaines origines: les hommes d’origine africaine (notamment afro-antillaise) ont un risque de développer un cancer de la prostate plus important que les personnes de type Caucasien (blanc) ; elles-mêmes étant plus à risque que les Asiatiques.

Au début de son évolution, le cancer de la prostate ne donne pas de symptômes. S’il s’agit d’un cancer localisé, il n’y a généralement pas de troubles urinaires.

Les symptômes mécaniques dus à la compression de l’urètre apparaissent quand la prostate augmente de volume. Mais l’augmentation de volume de la prostate est présente dans d’autres pathologies beaucoup plus fréquentes :

    • l’adénome ou hypertrophie bénigne de la prostate (presque tous les hommes de plus de 70 ans ont un adénome de la prostate) ;
    • la prostatite (environ 50% des hommes ont une prostatite au cours de leur vie).

     

    Cette augmentation de volume n’est donc pas spécifique du cancer de la prostate.

    Attention, cependant, il arrive que certains hommes souffrent à la fois d’un cancer de la prostate et d’une hypertrophie bénigne.

Les signes liés à l'augmentation de volume n'est donc pas spécifique du cancer de la prostate

    • besoin fréquent d’uriner, surtout la nuit (pollakiurie) ;
    • jet d’urine faible ;
    • sensation de ne pas avoir vidé complètement sa vessie ;
    • fuites urinaires (incontinence urinaire) ;
    • infection urinaire;
    • difficulté ou impossibilité d’uriner (rétention urinaire) ;
    • présence de sang dans les urines ou le sperme ;
    • difficulté à avoir une érection;
    • douleurs au moment de l’éjaculation.

     

    Le diagnostic peut être évoqué, en l’absence de symptômes, lors d’un toucher rectal pour un autre motif ou être posé lors de l’examen anatomo-pathologique du tissu prélevé lors du traitement chirurgical d’un adénome de la prostate.

Lors de la consultation, le médecin s’entretient avec son patient pour évaluer son état de santé général, ses antécédents personnels et familiaux, l’existence de symptômes pouvant évoquer une anomalie de la prostate, puis il pratique un examen clinique, dont le toucher rectal.

    • Le toucher rectal : Le médecin palpe la prostate en introduisant son index, protégé par un gant, dans le rectum. Ce geste médical permet de vérifier le volume, la surface et la consistance de la prostate. Si la surface de la prostate apparaît irrégulière ou avec des nodules et si sa consistance est dure, le médecin suspecte la présence d’un cancer.
    • Une prise de sang : le dosage du PSA : Le médecin traitant ou l’urologue, en cas d’examen clinique anormal, prescrit un dosage sanguin de l’Antigène Prostatique Spécifique (PSA), substance produite par la prostate. Il informe son patient des modalités de l’examen, de la complexité de l’interprétation des résultats de ce dosage biologique. Il est le mieux placé pour en expliquer la signification. La valeur seuil de normalité des PSA la plus souvent retenue est de 4 ng/ml (elle dépend de la technique du test utilisé). Un taux supérieur à 4 nanogrammes/ml n’est pas systématiquement synonyme de cancer. D’autres situations, en dehors du cancer de la prostate, peuvent expliquer un taux élevé de PSA : une augmentation de taille de la prostate, une éjaculation récente, une infection urinaire, une opération de la prostate, une endoscopie urinaire. À l’inverse, il peut arriver qu’un taux de PSA reste normal, même en présence d’un cancer.

La prise en charge thérapeutique est définie en accord avec le patient, sur la base de l’avis rendu en réunion de concertation pluridisciplinaire.

Cette prise en charge consiste :

    Traiter d’emblée le cancer pour obtenir une guérison : On parle de traitement à visée curative (traitement curatif).

    Peuvent être proposées :

    • Une chirurgie
      On appelle cette chirurgie la prostatectomie totale. C’est un traitement local du cancer qui consiste à enlever toute la prostate, ainsi que les vésicules séminales lors d’une opération. La prostatectomie totale est un traitement de référence du cancer de la prostate localisé à faible risque et à risque intermédiaire. Elle peut être proposée dans certains cas de cancer de la prostate localisé à risque élevé ou localement avancé.
    • Une radiothérapie externe
      La radiothérapie externe est un traitement de référence du cancer de la prostate localisé à faible risque et à risque intermédiaire. C’est également un traitement de référence, en association avec une hormonothérapie, du cancer de la prostate à haut risque et localement avancé.
    • Une curiethérapie
      La curiethérapie est un traitement très localisé du cancer qui consiste à mettre en place des implants radioactifs à l’intérieur de la prostate.Ces implants émettent des rayonnements qui détruisent les cellules cancéreuses de la prostate. La curiethérapie est une modalité thérapeutique possible pour certains cancers de la prostate localisés à faible risque.
    • Différer la mise en route du traitement curatif par une surveillance active initiale :
      L’évolution du cancer est surveillée par un examen clinique, un dosage du PSA total tous les 6 mois couplé à un toucher rectal ainsi qu’un bilan par biopsies à 1 an puis tous les 2 à 3 ans.
      Les évènements qui indiquent au médecin le moment le plus adapté pour initier le traitement curatif sont :

      • un stade au-delà de T2a,
      • un temps de doublement du PSA inférieur à 3 ans,
      • un PSA supérieur à 10 ng/ml,
      • plus de 2 biopsies positives,
      • un score de Gleason à 7 ou plus,
      • une longueur du tissu tumoral supérieure à 3 millimètres sur au moins une biopsie.
      • La proposition d’une surveillance active nécessite une adhésion complète du patient au protocole de surveillance.
    • Réaliser un traitement palliatif d’emblée :
      Lorsqu’un traitement curatif n’est pas possible, on peut d’emblée réaliser un traitement palliatif. L’hormonothérapie est le traitement de référence du cancer de la prostate avec atteinte ganglionnaire pelvienne et du cancer de la prostate métastatique. Selon les cas, l’hormonothérapie peut être proposée seule ou associée à d’autres traitements (prostatectomie totale, radiothérapie).
    • Différer un traitement palliatif et surveiller :
      On parle aussi «d’abstention-surveillance».
      La surveillance consiste à réaliser :

      • un dosage du PSA en fonction des symptômes du patient,
      • un examen clinique,
    • Participer à un essai clinique : Dans certains cas, le médecin peut proposer au patient de participer à un essai clinique. Il s’agit d’une étude scientifique menée avec des patients. Son objectif est de rechercher de meilleures modalités de prise en charge du cancer, en termes de prévention, de dépistage, de diagnostic, de traitement ou de qualité de vie. Différents traitements peuvent également être proposés au cours de la prise en charge du patient dans le but de limiter des complications liées à un traitement et minimiser les séquelles, préserver la qualité de vie, soutenir et accompagner les patients et leurs proches pendant et après la maladie.