La thyroïde, une glande au rôle essentiel

    Reconnaissable à sa forme de papillon, la thyroïde est située sur la trachée, à l’avant du cou et sous la pomme d’Adam. Elle comporte deux types de cellules :

    • les cellules folliculaires qui à sécrètent deux hormones, la triiodothyronine (T3) et la thyroxine (T4). Ces substances stimulent les fonctions de tous les organes du corps (ex. : rythme cardiaque, tension artérielle, température, régulation du poids);
    • les cellules «C» qui secrètent de la calcitonine, une hormone qui régule le taux de calcium dans l’organisme.

Des causes souvent mal définies et des facteurs favorisants

La plupart des cancers de la thyroïde sont d’origine indéterminée. La seule cause reconnue de la maladie est la radioactivité (exposition à des rayonnements ou à des particules radioactives inhalées ou ingérées, principalement pendant l’enfance). Des facteurs favorisants peuvent intervenir par ailleurs :

    • prédispositions familiales (caractéristiques génétiques spécifiques, concernant 30 % des personnes touchées par le cancer médullaire) ;
    • carence prolongée en iode (élément chimique apporté par l’alimentation, qui participe au bon fonctionnement de la thyroïde).

Le cancer de la thyroïde

Le cancer de la thyroïde est une multiplication anormale de cellules de la glande thyroïde. La maladie peut prendre plusieurs formes selon le type de cellules touchées dans la glande. Si ses causes sont généralement méconnues, des facteurs génétiques ou une carence en iode peuvent favoriser son apparition. Le cancer thyroïdien est une multiplication anormale des cellules dans la glande thyroïde. Ces cellules naissent de manière désordonnée et permanente, formant une tumeur nocive. Chez une personne en bonne santé, les cellules se renouvellent par intermittence, et seulement pour compenser des pertes cellulaires (dues par exemple au vieillissement).

  • En France, le cancer de la thyroïde représente 1 % des cancers, avec 8 600 nouveaux cas en 2009. Les trois-quarts des malades sont des femmes, le diagnostic étant de plus en plus précoce. Les microtumeurs (taille inférieure à 1 cm) représentent 40 % des cancers opérés.

Une maladie qui peut prendre plusieurs formes

On distingue divers types de cancers de la thyroïde. Dans 90 % des cas, le cancer se développe à partir des cellules folliculaires et il est qualifié de «différencié». Cela signifie que les cellules composant la tumeur ont des caractéristiques proches des cellules thyroïdiennes normales. Ce type de cancer peut prendre deux formes, selon les observations faites au microscope :

    • quand la tumeur est arborescente (structure rappelant les contours d’un arbre), il s’agit d’un cancer papillaire (80 % des patients);
    • lorsque la tumeur présente des formes arrondies, la maladie est dite « vésiculaire«  (10 % des patients).

Dans 2 % des cas, le cancer se développe à partir des mêmes cellules folliculaires, mais il est dit «peu différencié». Cela veut dire que les cellules formant la tumeur ont perdu les caractéristiques des cellules thyroïdiennes normales. On parle alors de cancer anaplasique. Cette forme de la maladie a une extension plus rapide que les autres, et survient le plus souvent chez les personnes âgées. Dans 8 à 9 % des cas, le cancer apparaît à partir des cellules C. Il est alors qualifié de «médullaire» et il est également différencié, puisque la tumeur sécrète de la calcitonine comme les cellules C normales. Pour le cancer médullaire de la thyroïde, il existe une prédisposition génétique.

Les facteurs de risques

Un facteur de risque est un élément qui peut favoriser le développement d’un cancer. Il peut s’agir par exemple d’une habitude de vie, d’un antécédent médical comme une exposition aux radiations, d’un élément de l’environnement ou encore d’une prédisposition génétique.

 

La présence d’un ou plusieurs facteurs de risque n’entraîne pas systématiquement l’apparition d’un cancer. A l’inverse un cancer peut aussi parfois se développer sans qu’il ne soit possible de le relier à un facteur de risque connu. Pour les cancers de la thyroïde il existe deux principaux facteurs de risque identifiés :

L'exposition aux radiations

L’exposition aux radiations, en particulier pendant l’enfance, augmente le risque de développer un cancer de la thyroïde. Cette exposition peut être connue et identifiée, comme dans le cas d’un traitement par radiothérapie, ou survenir accidentellement.

Les traitements pas radiothérapie

Un antécédent de radiothérapie externe de la tête, du cou ou de la partie supérieure du thorax augmente le risque de développer un cancer de la thyroïde des années plus tard. Ce risque est faible et les techniques actuelles de radiothérapie permettent de limiter l’irradiation de la thyroïde. Si vous avez été traité par des rayons, en particulier durant votre enfance, mentionnez-le à votre médecin.

Les essais nucléaires

Les habitants des territoires et anciens territoires français sur lesquels des essais nucléaires ont été réalisés ont un risque légèrement augmenté de développer un cancer de la thyroïde.

C’est la conclusion d’une étude de l’INSERM (Institut de la recherche médicale en France) datant de 2010.

En cas d’exposition à des rayonnements nucléaires, une indemnisation peut être envisagée.

Tchernobyl et le cancer de la thyroïde ?

La catastrophe de Tchernobyl a eu pour conséquences un rejet dans l’air de particules ionisantes, radioactives, et plus particulièrement d’iode 131.

Il est actuellement impossible d’établir un lien avéré entre l’exposition aux radiations liées à Tchernobyl et une augmentation du nombre de cancers de la thyroïde en France.

Formes familiales et prédispositions génétiques

Une mutation sur le gêne RET est aujourd’hui identifiée et favorise le développement d’un cancer médullaire de la thyroïde. Lorsqu’un cancer médullaire survient et si un test génétique confirme la présence d’une mutation chez le malade, ce test est également systématiquement proposé aux parents proches. Il ne peut se faire sans votre accord. L’objectif est d’identifier les membres de la famille qui sont porteurs de la mutation. Dans certains cas, la thyroïde peut être enlevée de manière préventive, avant qu’un cancer ne soit détecté.

Les symptômes

Le cancer de la thyroïde se développe le plus souvent sans provoquer de problèmes de santé ou de signes visibles.

Lorsque des symptômes apparaissent, il peut s’agir d’une sensation de gêne au niveau du cou, la présence d’une petite boule à l’avant du cou ou une douleur à la gorge. Dans certains cas, plus rares, la voix devient rauque ou l’en peut ressentir une gêne à avaler ou à respirer. Gardez à l’esprit que la plupart des masses qui se forment sur la thyroïde sont bénignes, c’est-à-dire sans conséquence grave pour la santé.

Le diagnostic

Le cancer de la thyroïde peut être diagnostiqué à des moments différents. Il peut être suspecté avant tout traitement ou détecté pendant ou après une opération de la thyroïde.

La découverte d'un nodule

Lorsqu’un nodule est découvert, le médecin a besoin de recueillir certaines informations pour établir le diagnostic. Il interroge le patient afin de savoir s’il a déjà présenté une maladie de la thyroïde, quels sont ses antécédents médicaux et si certains membres de sa famille ont eu un cancer de la thyroïde. Il effectue également une palpation de la thyroïde, des ganglions lymphatiques du cou et vérifie la présence éventuelle d’une modification de la voix, d’une gêne pour avaler ou pour respirer. A l’issue de ce premier temps, des examens d’imagerie sont indispensables pour observer au mieux les caractéristiques du nodule détecté.

Visualiser et décrire le nodule

L’échographie est systématiquement réalisée pour tout nodule détecté. C’est un examen indolore, qui consiste à faire glisser sur la peau du cou une sonde qui, grâce aux ultrasons, renvoie des images de l’organe.

L’objectif de l’échographie est de décrire la thyroïde et de préciser le nombre de nodules présents. Elle est également utile pour caractériser le nodule, connaître sa taille, sa localisation sur la thyroïde, son aspect à l’échographie. Les ganglions lymphatiques situés à proximité sont également examinés.

Les différentes observations effectuées pendant l’examen sont reportées sur un schéma qui servira de référence pour le suivi.

Dans certains cas, cet examen est suivi d’une cytoponction.

La cytoponction

La cytoponction est un prélèvement de cellules de la thyroïde. Cet examen est non douloureux ; il est effectué à l’aide d’une aiguille fine qui passe au travers de la peau. Le médecin peut s’aider d’une échographie pour guider son geste.

L’analyse des cellules prélevées permet d’évaluer le risque de malignité du nodule, c’est-à-dire le risque que le nodule détecté soit un cancer. La plupart du temps, lorsqu’un risque de malignité, même faible, est présent, une opération chirurgicale est proposée. C’est l’analyse du nodule retiré pendant l’opération qui permet avec certitude de confirmer ou non le diagnostic du cancer.

Les analyses de sang

Une prise de sang est effectuée pour mesurer la TSH et ainsi évaluer le fonctionnement de la thyroïde.

Si une opération est programmée pour retirer un nodule, d’autres analyses peuvent être effectuées, notamment la calcémie, c’est-à-dire la mesure du taux de calcium dans le sang et la calcitonine sérique.

Les examens éventuels

Dans certains cas, d’autres examens pourront être envisagés, comme une scintigraphie thyroïdienne ou, dans de rares cas, un scanner cervical.

Le diagnostic peut sembler long, mais un bilan précis est indispensable pour vous proposer un traitement adapté.

Les traitements

    Il existe trois traitements du cancer de la thyroïde. Ils sont souvent associés :

    • La chirurgie est le traitement initial, sauf contre-indication. Elle consiste à enlever la tumeur et ses éventuelles extensions dans le cou (on parle d’extensions locorégionales).
    • L’irathérapie est un traitement à l’iode radioactif qui se fixe sur les cellules thyroïdiennes normales et cancéreuses puis les détruit.
    • Le traitement hormonal ou hormonothérapie est mis en place de manière systématique. C’est un traitement substitutif ou frénateur, il consiste en une prise quotidienne d’hormones thyroïdiennes de synthèse.

     

    Dans de rares cas, d’autres types de traitements peuvent être discutés, comme une radiothérapie externe ou un traitement médical.

La chirurgie

    La chirurgie est le traitement de référence du cancer de la thyroïde. Le plus souvent, elle consiste à enlever la thyroïde ; on parle de thyroïdectomie totale. Dans certains cas, un seul lobe de la thyroïde est retiré. Il s’agit d’une lobectomie ou lobisthmectomie.

    Les objectifs de la chirurgie

    La chirurgie a aussi pour objectifs :

    • de permettre ou de confirmer le diagnostic ;
    • d’évaluer le stade de la maladie ;
    • de faciliter un traitement à l’iode radioactif ;
    • de diminuer le risque de récidive du cancer.

     

    Le diagnostic de cancer, pouvant être posé à des moments différents les objectifs de l’intervention sont susceptibles de varier selon les informations dont le chirurgien dispose avant et pendant l’opération.

    La chirurgie comme première étape

    Il est impossible de retirer complètement tout le tissu thyroïdien, certaines parties de l’organe étant trop proches de vaisseaux sanguins ou de nerfs. Les tissus de la thyroïde restant après l’opération sont appelés reliquats thyroïdiens. Un traitement complémentaire décidé en RCP, l’irathérapie, peut être programmé après l’opération pour détruire ces reliquats.

    Dans le cas d’un cancer qui a formé des métastases, une thyroïdectomie totale est un préalable à l’irathérapie.

    Comme pour toute opération, et de façon exceptionnelle, l’intervention peut être contre-indiquée selon votre état de santé

Le traitement à l'iode radioactif

    Les indications et les modalités pratiques du traitement sont discutées au cours de la RCP. Ce traitement est en général programmé dans les mois qui suivent la chirurgie. Il est administré une seule fois mais peut être répété si nécessaire.

    Les objectifs du traitement

    Le traitement à l’iode radioactif a trois objectifs :

    Détruire les cellules thyroïdiennes normales restantes après l’opération ;
    Détruire les éventuelles cellules cancéreuses encore présentes dans le corps, y compris les métastases ;
    Compléter le bilan d’extension du cancer.

    Les contre-indications au traitement

    Le traitement à l’iode radioactif est contre-indiqué en cas d’allaitement ou de grossesse. Si un doute existe, un test de grossesse est effectué avant le début du traitement. Une contraception est par ailleurs nécessaire ; elle doit débuter avant le traitement et être prolongée durant 6 mois après l’irathérapie.

    Le principe du traitement

    Une fois avalé sous la forme d’une gélule, l’iode radioactif passe dans le sang. Les cellules thyroïdiennes captent cet iode en circulation. Les rayons émis par l’iode radioactif endommagent les cellules thyroïdiennes qui finissent, au bout de plusieurs semaines ou mois, par être détruites.

    Les rayons agissent sur quelques millimètres. Les cellules voisines, qui n’utilisent pas l’iode, ne sont ainsi pas affectées et les effets secondaires du traitement sont très limités.

    L’iode radioactif émet aussi un rayonnement qui peut être détecté à l’extérieur du corps. Il est utile pour l’examen d’imagerie qui suit systématiquement le traitement, la scintigraphie. Cet examen permet de détecter la présence éventuelle de cellules cancéreuses dans le corps entier. L’émission de ce rayonnement, à l’extérieur du corps, impose des mesures de protection de votre entourage.

Le traitement hormonal

    • Les différents types d’hormonothérapies
    • Comment se déroule le traitement en pratique ?
    • Quels sont les effets secondaires du traitement ?
    • Hypothyroïdie et hyperthyroïdie

Le traitement hormonal consiste à prendre des hormones thyroïdiennes de synthèse sous forme d’un médicament, la lévothyroxine. La lévothyroxine remplace les hormones naturelles qui étaient produites par la thyroïde avant qu’elle ne soit retirée lors de la chirurgie.

Une hormonothérapie est mise en place après la chirurgie ou après le traitement à l’iode radioactif ; elle doit être prise à vie. Le traitement peut être adapté au cours du temps, comme en cas de grossesse.

Les différents types d'hormonothérapies

Le traitement hormonal peut agir de deux façons selon la dose employée :

    • A dose normale, il remplace l’action de la thyroïde et vise à maintenir une TSH à un taux normal ; on parle d’hormonothérapie substitutive ;
    • A dose élevée, il remplace l’action de la thyroïde et vise à limiter le développement des éventuelles cellules cancéreuses restantes en gardant la TSH à un taux bas ; on parle alors d’hormonothérapie frénatrice.

Le niveau de TSH souhaité est déterminé en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) et la dose d’hormones est ajustée en fonction de ce taux. Ce dosage peut être réévalué pendant votre traitement.

Comment se déroule le traitement en pratique ?

La lévothyroxine se présente la plupart du temps sous forme d’un comprimé à avaler une fois par jour avec un grand verre d’eau. Si vous ne pouvez pas avaler de comprimé, parlez-en à votre médecin.

Les précautions à respecter

Quelques précautions sont à respecter autour de la prise du médicament. Certains aliments comme le soja diminuent l’absorption du médicament. Evitez d’en consommer dans les heures précédant et suivant la prise du comprimé. Si vous devez prendre des compléments en fer ou en calcium, attendez au moins deux heures après avoir pris la lévothyroxine.

Associer la lévothyroxine avec d’autres médicaments, comme les pansements gastriques, peut également entraîner des effets indésirables ou diminuer l’efficacité du traitement. Ne prenez pas de médicaments sans ordonnance avant d’avoir signalé à votre pharmacien que vous suivez une hormonothérapie thyroïdienne. Si vous consultez un médecin spécialiste, signalez-le-lui également.

Le suivi du traitement

Comme tous les traitements hormonaux, l’hormonothérapie nécessite un suivi régulier. Des bilans sanguins sont effectués pour mesurer le taux d’hormones thyroïdiennes et de TSH dans le sang. Votre médecin ajuste ainsi la posologie du traitement en fonction des résultats du bilan sanguin.

Quels sont les effets secondaires du traitement ?

Le traitement hormonal entraîne généralement peu d’effets secondaires et n’a pas de conséquence sur votre vie quotidienne ou sur votre activité professionnelle. La dose initiale est calculée à partir de la quantité optimale d’hormones en fonction de votre poids, de votre âge et de votre sexe.

S’il n’est pas correctement ajusté, vous pouvez néanmoins ressentir les symptômes d’une hyperthyroïdie ou d’une hypothyroïdie.

Hypothyroïde et Hyperthyroïde

Au cours des traitements, vous pouvez passer par l’une de ces phases ou parfois même les deux, à des moments différents.

Si des effets d’hypo ou d’hyperthyroïdie surviennent, il est important d’en discuter avec votre médecin pour qu’il adapte, au besoin, votre traitement et vous conseille sur la façon de réduire ces effets.

Quels sont les principaux signes d’une Hypothyroïde ?

Fatigue, gonflements, frilosité, constipation, prise de poids, faiblesse musculaire, difficulté de concentration, déprime, troubles de la mémoire.

Quels sont les principaux signes d’une Hyperthyroïde ?

Agitation, irritabilité, palpitations, essoufflement à l’effort, tremblements, transpiration excessive, diarrhée, perte de poids, insomnie, faiblesse musculaire.

Les signes cités ci-dessus sont donnés à titre indicatif et peuvent avoir une autre cause qu’une hyper ou une hypothyroïdie. Cela signifie que si vous présentez un de ces symptômes, il n’est pas nécessairement provoqué par le traitement hormonal.

Ces signes varient souvent au cours du temps et d’une personne à l’autre et n’ont pas de rapport avec l’évolution du cancer.