Le cancer de la vessie est une multiplication excessive de cellules anormales dans la paroi interne ou muqueuse de la vessie. Cette maladie survient le plus souvent chez l’homme de plus de 50 ans. Ses causes restent parfois inconnues, mais son apparition est favorisée par certains facteurs (exposition à des substances toxiques, tabagisme).

Le cancer de la vessie est une maladie des cellules tapissant l’intérieur de la vessie (muqueuse vésicale). Certaines cellules deviennent anormales : elles se multiplient de manière désordonnée, très rapidement, et forment progressivement une tumeur. Avec le temps et en l’absence de traitement, celle-ci atteint le muscle de la paroi vésicale, l’infiltre, puis s’étend aux organes voisins.

Des cellules cancéreuses peuvent aussi se détacher de la tumeur et migrer vers d’autres organes ou tissus, formant des métastases.

Le cancer de la vessie est le septième cancer le plus fréquent en France.

Il touche surtout :

    • les hommes (plus de 80 % des cas);
    • les personnes âgées de plus de 50 ans (au moment du diagnostic, l’âge moyen est de 70 ans).

La survenue d’un cancer de la vessie ne peut pas être reliée à une cause précise. Toutefois, certains facteurs favorisants sont connus.

    • Le tabagisme Le risque de développer ce type de cancer est plus important chez les fumeurs, car les composés toxiques du tabac sont éliminés dans les urines via la vessie. Ainsi, plus d’une personne sur deux atteinte de cancer de la vessie a fumé ou fume encore.
    • L’exposition professionnelle à des substances toxiques L’apparition d’un cancer de la vessie est favorisée par l’exposition à certains produits chimiques utilisés dans l’industrie (ex. : goudrons, huiles de houille, amines aromatiques, colorants). Si vous travaillez ou avez travaillé dans un secteur qui utilise ces produits, vous êtes peut-être concerné par ce risque. N’hésitez pas à en parler avec la direction de votre établissement, les instances représentatives du personnel, votre médecin traitant ou votre médecin du travail.
      Vous pouvez aussi télécharger la fiche du CHU de Rouen sur la surveillance médicale en cas d’exposition professionnelle à ces agents chimiques.
    • La bilharziose urinaire Cette maladie parasitaire, contractée principalement en Afrique occidentale ou en Egypte, peut favoriser la survenue d’un cancer de la vessie.

Le signe le plus évocateur du cancer de la vessie est la présence de sang dans les urines ou hématurie, qui peut toutefois être présente dans d’autres maladies. Le cancer est détecté par des analyses d’urine et des examens d’imagerie médicale. Pour confirmer le diagnostic, le médecin demande un prélèvement et une analyse des tissus suspects. D’autres examens (scanner, IRM…) complètent le bilan.

Quels sont les symptômes du cancer de la vessie ?

Le signe évoquant le plus un cancer de la vessie est la présence de sang dans les urines appelée hématurie. Celle-ci n’est, en général, pas accompagnée de fièvre et elle peut :

    • se révéler plus ou moins abondante (urines de couleur rosée à rouge vif, selon l’importance du saignement) ;
    • être présente tout au long de la miction (du début à la fin du jet) ou seulement à la fin ;
    • survenir par intermittence (les urines sont claires certaines fois, et d’autres fois elles contiennent du sang).

    Des troubles urinaires (brûlures, douleurs, envies urgentes ou plus fréquentes d’aller uriner) peuvent aussi apparaître. Néanmoins, ils sont beaucoup plus rares au début de la maladie ; leur persistance doit conduire à la réalisation d’examens.

Le diagnostic du cancer de la vessie

Le médecin-traitant recherche par l’interrogatoire les facteurs favorisants du cancer de vessie (tabagisme, exposition professionnelle) et examine son patient.

Un bilan est nécessaire et réalisé en coopération avec une équipe médicale (radiologue, chirurgien-urologue, anatomo-pathologiste).

Le cancer de la vessie est diagnostiqué par plusieurs examens :

    • Un examen cytobactériologique des urines (ECBU) Cette analyse est toujours réalisée. Elle sert à confirmer la présence de sang dans les urines, à rechercher la présence de cellules tumorales et d’une éventuelle infection, qui pourrait expliquer le saignement.
    • Une échographie de l’appareil urinaire Cet examen permet de visualiser la vessie, les reins et les voies urinaires.
    • Une cystoscopie Il s’agit d’une fibroscopie réalisée à l’aide d’un tube souple équipé d’une mini-caméra. Le fibroscope est introduit dans l’urètre pour explorer l’intérieur de la vessie. Menée sous anesthésie locale, la cystoscopie aide à localiser une éventuelle tumeur et permet d’effectuer des prélèvements, si nécessaire.

Plusieurs types de traitements peuvent être utilisés pour traiter les cancers de la vessie : une chirurgie, des médicaments de chimiothérapie ou d’immunothérapie ou une radiothérapie. Pour définir le stade d’un cancer de la vessie, les médecins examinent la taille de la tumeur, son infiltration dans la paroi interne de la vessie et notamment dans le muscle ; ils déterminent si elle s’est propagée aux ganglions lymphatiques et aux organes voisins, ou dans des parties du corps plus éloignées, sous forme de métastases.

Les objectifs des traitements

    Ils peuvent avoir pour objectif, selon les cas :

    • de supprimer la tumeur ou les métastases ;
    • de réduire le risque de récidive ;
    • de ralentir le développement de la tumeur ou des métastases ;
    • de traiter les symptômes provoqués par la maladie.

     

    La chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie sont réalisées au sein d’établissements autorisés à les pratiquer. Ces établissements respectent des critères qui garantissent la qualité et la sécurité des traitements.

Les traitements possibles

Le choix et l’ordre des traitements dépendent de l’étendue du cancer au moment du diagnostic (le stade) et de son agressivité (le grade). Ces éléments vont aider les médecins à établir votre plan de traitement qui dépend donc essentiellement de la pénétration de la tumeur dans la paroi de la vessie.

Le premier temps de la prise en charge par votre urologue consiste à enlever la tumeur en effectuant une résection transurétrale de vessie (RTUV), autrement dit, ôter la tumeur en passant par l’urètre. C’est une étape systématique pour la prise en charge des tumeurs de vessie. Elle sera suffisante pour les tumeurs qui ne se sont pas infiltrées dans le muscle de la paroi de la vessie.

La résection transurétrale de vessie constitue la base du diagnostic, c’est également le traitement des tumeurs superficielles de la vessie.

Si après la résection, le diagnostic de tumeur infiltrante est fait, il faudra enlever la vessie lors d’une nouvelle opération.

Des médicaments anticancéreux, médicaments de chimiothérapie et d’immunothérapie, peuvent également être utilisés pour traiter les cancers de la vessie.

Le tableau qui suit synthétise les traitements qui peuvent vous être proposés en fonction de l’étendue et de l’agressivité du cancer au moment du diagnostic. Ces informations constituent une base générale; les traitements sont adaptés au cas par cas.

Les traitements des cancers de la vessie non infiltrants

Si votre cancer est limité à la muqueuse, la première couche de la paroi de la vessie, l’intervention chirurgicale réalisée pour le diagnostic, la résection transurétrale de vessie (RTUV), est aussi le premier traitement.

Au cours de cette intervention réalisée sous anesthésie, la tumeur est enlevée en passant par l’urètre.

Dans les heures qui suivent cette opération, une instillation post-opératoire précoce (IPOP) de mitomycine C est effectuée dans la vessie. Selon le risque de récidive ou de progression, des instillations complémentaires de mitomycine C ou de BCG (produit d’immunothérapie) peuvent être réalisées dans la vessie.

Pour certaines tumeurs à risque élevé de récidive ou de progression, l’ablation de la vessie peut être envisagée après la RTUV ou après l’échec d’un traitement par instillation de BCG.

Les traitements des cancers de la vessie infiltrants non métastatiques

Il existe plusieurs types de traitements pour soigner un cancer de vessie infiltrant : la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Ils sont parfois associés.

Le traitement de référence est la chirurgie : la vessie doit être enlevée, ainsi que les ganglions situés à proximité de la vessie.

Chez l’homme, la prostate et les vésicules séminales sont également ôtées, ainsi que l’urètre, s’il est atteint. Chez la femme, l’utérus et l’urètre sont habituellement enlevés, ainsi qu’une partie du vagin.

Selon les situations (votre état général, vos symptômes, le stade de la tumeur…), une chimiothérapie pourra vous être proposée. Cette chimiothérapie est parfois effectuée pour diminuer la taille de la tumeur avant l’opération ou si les ganglions, la graisse autour de la vessie et les organes proches de la vessie sont atteints. C’est ce qu’on appelle une chimiothérapie néoadjuvante. Cette situation est la plus fréquente.

Si la chimiothérapie n’a pas été réalisée avant la chirurgie, elle peut être prescrite, dans certains cas, après la chirurgie ; c’est une chimiothérapie adjuvante.

Dans certains cas, il arrive que la vessie ne puisse pas être enlevée ou alors l’est de façon incomplète. Il pourra alors vous être proposé un traitement de chimiothérapie, éventuellement associé à une radiothérapie de façon concomitante.

Les traitements des cancers de vessie métastatiques

Si le cancer a formé des métastases à distance de la vessie, la chimiothérapie est le traitement principal. Vous n’avez pas d’opération.

Le protocole le plus fréquemment utilisé pour un cancer métastatique repose sur le cisplatine, associé à trois autres médicaments : méthotrexate, vinblastine, doxorubicine, protocole abrégé en M-VAC. Un autre protocole qui combine gemcitabine et cisplatine peut également vous être proposé.

Un scanner du thorax, de l’abdomen et du pelvis est réalisé deux mois après le début de la chimiothérapie pour contrôler la réaction des cellules cancéreuses au traitement.

Si le premier traitement n’apporte pas l’effet escompté et que la maladie progresse, une nouvelle association de médicaments avec des mécanismes d’action différents vous sera proposée. On parle alors de chimiothérapie de deuxième ligne.

S’il s’avère que la maladie se stabilise, si la douleur doit être atténuée ou certains symptômes soulagés, une chirurgie ou une radiothérapie des métastases peuvent vous être proposées. Une opération visant à enlever la vessie est exceptionnelle.

Enfin, une radiothérapie palliative peut être mise en place en fonction des symptômes présentés.