Le cancer des voies aérodigestives supérieures (fosses nasales, sinus, bouche, pharynx, larynx)

Le cancer des voies aérodigestives supérieures est une tumeur maligne située dans la partie haute des organes respiratoires et/ou digestifs (fosses nasales, sinus, bouche, pharynx et larynx). Son apparition est très souvent liée au tabagisme et/ou à une consommation importante d’alcool.

Le cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) est une tumeur maligne de l’un des organes respiratoires ou digestifs situés au niveau de la tête ou du cou. Les cellules atteintes deviennent anormales : elles se multiplient de façon désordonnée, très vite, et constituent peu à peu une tumeur. En se développant, celle-ci détruit les tissus voisins et peut, à terme, compresser des organes.

Ce cancer peut prendre différentes formes. Dans 90% des cas, il concerne les cellules de la couche superficielle d’une muqueuse et prend le nom de carcinome épidermoïde.

Les VADS, un rôle important pour la respiration, l'alimentation et la parole

Les voies aérodigestives supérieures comprennent différents organes pouvant être le siège d’un cancer. On rassemble ces organes en deux groupes :

Les voies digestives supérieures

Elles interviennent dans la déglutition et la digestion des aliments. Elles comprennent la cavité buccale (lèvres, langue, palais), les glandes salivaires et deux zones du pharynx :

    • celle située en arrière de la langue (oropharynx) ;
    • celle comprise dans le cou, entre l’oropharynx et le début de l’œsophage.

Les voies aériennes supérieures

Elles correspondent à la partie haute du système respiratoire et regroupent :

    • les fosses nasales ;
    • le pharynx ;
    • le larynx contenant les cordes vocales (organe permettant de parler) ;
    • les végétations (tissus appartenant au système immunitaire et situés en arrière des fosses nasales, sur la partie supérieure du pharynx, appelée cavum ou nasopharynx) ;
    • les sinus.

Dans les VADS, on inclut aussi les amygdales palatines, qui contribuent également aux défenses immunitaires de l’organisme.

Enfin, les VADS se terminent par l’épiglotte (languette cartilagineuse qui ferme la trachée lors de la déglutition, pour éviter que des aliments n’y pénètrent).

Les facteurs favorisant les cancers des fosses nasales, des sinus, de la bouche, du pharynx et du larynx

Deux éléments principaux contribuent à l'apparition d'un cancer des VADS :

Le tabagisme

Il est présent dans plus de 95% des cas diagnostiqués, en raison des nombreuses substances chimiques cancérigènes qu’il contient. Tous les types de tabac fumé ou mâché peuvent être en cause. Le cannabis est également en cause et contient six fois plus de goudrons qu’une cigarette industrielle.

La consommation d’alcool

On la trouve dans plus de 90 % des cas de cancer des VADS. Son effet néfaste est proportionnel aux doses absorbées. Associée au tabac et très fréquemment à une mauvaise hygiène bucco-dentaire, la consommation d’alcool multiplie considérablement l’impact de ce dernier.

D'autres facteurs peuvent aussi favoriser le déclenchement de la maladie :

    • des prédispositions génétiques ;
    • des germes comme le papillomavirus (lorsqu’il est présent de façon chronique dans la bouche ou sur le larynx) ou le virus d’Epstein-Barr, responsable de cancer du cavum dans les populations asiatiques et africaines ;
    • l’exposition à des radiations ionisantes ou aux rayons ultraviolets (soleil, cabines UV…) (deux types de rayonnements pouvant causer notamment un cancer des lèvres)
    • l’exposition à la poussière de bois, de nickel, de chrome ou exposition à l’acide chromique.

Les symptômes d'un cancer des voies aérodigestives supérieures

Au début de son évolution, le cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) est asymptomatique, ou bien les signes sont très peu marqués. Il peut être alors diagnostiqué par le médecin lors d’un examen ORL pour un autre motif ou par le chirurgien dentiste lors de soins dentaires.

Lorsque les symptômes apparaissent, ils peuvent être très variables selon la localisation des atteintes :

    • douleur continue à un endroit précis ;
    • grosseur au niveau du cou (ganglion augmentant progressivement de volume et non douloureux);
    • sensation persistante de «nez bouché», d’un seul côté ;
    • plaie des lèvres ou de la langue qui ne guérit pas ;
    • difficulté pour avaler (dysphagie) ou enrouement se prolongeant au-delà de deux semaines.

Le diagnostic d’un cancer des voies aérodigestives supérieures

Les objectifs du bilan pour cancer des VADS

    Le diagnostic est réalisé, avec plusieurs objectifs :

    • établir le type de cancer et le stade d’évolution de la maladie (extension de la tumeur, atteintes ou non des ganglions lymphatiques, présence ou non de métastases) ;
    • rechercher d’éventuels cancers simultanés ;
    • mettre en place les soins les plus adaptés (y compris une prise en charge psychologique et sociale si nécessaire), en veillant à la qualité de vie du patient ;
    • prévenir, dépister et traiter précocement les possibles complications liées au cancer lui-même ou aux traitements envisagés.

Les examens pour établir le diagnostic de cancer des VADS

    Le bilan initial sert aussi à rechercher des pathologies associées ayant les mêmes causes que le cancer, et pouvant influer sur les traitements choisis :

    • atteintes du foie liées à la consommation d’alcool (cirrhose…) ;
    • maladies du cÅ“ur ou respiratoires (insuffisance cardiaque, bronchopneumopathie chronique obstructive, angine de poitrine).

Les examens pour établir le diagnostic de cancer des VADS

    Le médecin traitant pratique un examen clinique et adresse son patient à un médecin ORL (otorhinolaryngologue). Après son examen, celui-ci demande des examens complémentaires adaptés à chaque situation :

    • L’examen clinique : Il consiste d’abord à interroger le patient sur ses habitudes (consommation de tabac et d’alcool, alimentation) et son activité professionnelle et physique. En s’aidant d’un abaisse-langue, le médecin observe également l’ensemble des VADS accessibles. Il palpe le cou à la recherche de ganglions lymphatiques. Selon les cas, il peut aussi :
    • pratiquer une endoscopie du nez (rhinoscopie) ou de parties plus profondes des VADS (à l’aide d’une petite caméra placée au bout d’un tube souple) ;
    • examiner l’arrière-gorge avec un petit miroir pour observer le larynx.
    • Une endoscopie des voies aérodigestives avec biopsies : Réalisé sous anesthésie générale, cet examen permet d’explorer l’essentiel des VADS et des zones voisines (début de l’œsophage, trachée). Il aide à analyser l’aspect, le développement et les dimensions d’une éventuelle tumeur, et à rechercher un cancer simultané. Enfin, l’endoscopie sert à prélever des tissus par biopsie.
    • Des analyses anatomopathologiques en laboratoire spécialisé : Les prélèvements obtenus par biopsie sont toujours étudiés au microscope (histologie), pour confirmer le diagnostic et préciser le type de tumeur.
    • Un bilan sanguin : Il permet d’analyser le fonctionnement du foie, des reins…

    Pour mieux définir l’extension du cancer et rechercher des métastases, on peut aussi pratiquer des examens d’imagerie médicale, comme par exemple :

    • Un scanner : Il permet d’étudier les VADS et les ganglions lymphatiques voisins. Il recherche également les métastases.
    • Une IRM (imagerie par résonance magnétique) : Cette technique est employée pour explorer certaines zones, comme les sinus de la face et pour rechercher des métastases.
    • Une tomodensitométrie par émission de positons (TEP): Elle aide à mettre en évidence des métastases difficiles à détecter.

    Pour identifier des atteintes cancéreuses à distance des VADS, le médecin peut également demander des examens comme :

    • une radiographie des poumons ;
    • une échographie du foi ;
    • une endoscopie de l’œsophage ou des bronches…

Les traitements

Le cancer des voies aérodigestives supérieures est soigné par une équipe pluridisciplinaire. Adapté à chaque cas, le traitement peut reposer sur la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Il cible également d’éventuelles maladies associées. Si nécessaire, le patient peut bénéficier d’un soutien psychologique ou d’une aide pour arrêter sa consommation de tabac et d’alcool.

La prise en charge d’un patient atteint d’un cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) est assurée par une équipe pluridisciplinaire. Celle-ci réunit le médecin traitant et plusieurs praticiens de spécialités différentes : chirurgien ORL, radiothérapeute, oncologue… Ces professionnels de santé se concertent pour élaborer une proposition de traitement adaptée à chaque cas. Lors d’une consultation spécifique, les traitements choisis sont présentés au patient et l’équipe soignante tient compte de son avis.

Elle l’informe :

    • des effets indésirables possibles de la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie ;
    • de la conduite des soins à son domicile ;
    • de son suivi médical et de la reprise éventuelle d’une activité professionnelle après le traitement ;
    • de la possibilité de participer à un essai thérapeutique (mise en Å“uvre d’un traitement nouveau pour tester ses effets, selon un processus très strict).

     

    Si le patient donne son accord, le médecin lui remet un document appelé programme personnalisé de soins (PPS). La mise en œuvre du traitement peut alors commencer.

Le traitement chirurgical d'un caner des voies aérodigestives supérieures

Il consiste à enlever la tumeur en la détruisant au laser ou en pratiquant une ablation (exérèse). La méthode choisie dépend de la taille de la tumeur. Selon la localisation de la tumeur, l’intervention peut parfois être réalisée sans inciser la peau. On utilise alors une petite caméra fixée au bout d’un tube souple, introduite dans le corps par un orifice naturel (endoscopie).

Parfois, il faut enlever une partie atteinte d’un organe, voire un organe entier (ex. : pharynx, larynx, ganglions lymphatiques).

Si l’intervention est importante, le chirurgien peut aussi :

    • ouvrir la trachée pour y placer un petit tube (canule) qui permet la respiration (trachéostomie);
    • relier l’estomac à la peau par un tube fin et allongé (sonde), pour faciliter la prise d’aliments (gastrostomie).

La radiothérapie en cas de cancer des voies aérodigestives supérieures

Ce traitement consiste à envoyer des rayons ionisants sur la tumeur (irradiation), pour la détruire. Si le cancer s’est étendu aux ganglions lymphatiques, on irradie aussi ces derniers. Avant le début des soins, le médecin localise les endroits à traiter, ce qui peut nécessiter un scanner complémentaire. Il calcule aussi la dose de rayons à délivrer (dosimétrie). De plus, la radiothérapie pouvant avoir des effets sur la santé dentaire, il faut parfois réaliser des traitements préalables (applications de fluor sur les dents, réalisation de gouttières fluorées, extractions de dents).

Les séances de radiothérapie elles-mêmes démarrent ensuite à raison de plusieurs par semaine, pour 5 à 7 semaines. Chacune d’entre elles dure moins de 15 minutes.

La chimiothérapie d'un cancer des voies aérodigestives supérieures

Elle fait appel à des substances chimiques anti-cancéreuses, qui détruisent certaines composantes des cellules malades. Leur administration par voie veineuse nécessite la mise en place d’une chambre implantable. Il s’agit d’un petit boîtier placé sous la peau (généralement au niveau du thorax), relié à un cathéter (tuyau souple et fin glissé dans une veine). Ce dispositif reste en place en permanence, pendant toute la durée de la chimiothérapie, puis de la surveillance après traitement. Il permet d’injecter les médicaments à travers la peau tout en préservant les veines du patient. Il existe des patchs d’anesthésiants cutanés permettant de limiter la douleur lors de l’installation de l’aiguille. La chambre implantable offre aussi un meilleur confort de vie, car elle permet de poursuivre les activités quotidiennes.