– soit le taux de leucocytes est inférieur à la normale, mais avec un taux de polynucléaires neutrophiles > 500 / mm3. Dans ce cas, le patient doit être examiné et une antibiothérapie sera instaurée en fonction des constatations cliniques. Elle ne doit pas être systématique dans cette situation (rappelons que l’état fébrile peut s’expliquer par d’autres phénomènes qu’un état infectieux : lyse tumorale, événement thrombotique, activité du cancer). L’hospitalisation n’est justifiée qu’en cas de mauvaise tolérance clinique, mais doit être évitée autant que possible car elle peut exposer un patient fragilisé sur le plan immunitaire à des germes hospitaliers, par nature plus résistants aux antibiotiques.
– soit le taux de polynucléaires neutrophiles est inférieur à 500 éléments / mm3. Dans ce cas, on parle alors de neutropenie fébrile. Si une prise en charge ambulatoire peut s’envisager dans certaines circonstances très spécifiques, il convient dans la plupart des cas d’hospitaliser le patient en urgence en unité d’hospitalisation conventionnelle, en chambre seule, sauf s’il existe un état septique sévère justifiant un transfert en réanimation d’emblée. L’antibiothérapie est systématique, guidée par la clinique. Le bilan initial est souvent négatif, l’examen clinique souvent pauvre notamment du fait de l’absence de globules blancs, ne permettant pas la constitution de pus ou la réaction habituelle des tissus lors d’une agression infectieuse. Le patient sera étroitement surveillé afin de ne pas méconnaître une évolution vers un état de choc septique qui, dans cette situation, peut être rapide. La durée de la neutropénie est habituellement inférieure à 7 jours.
Dans le cas où une NFS est effectuée à titre systématique, et qu’une agranulocytose est mise en évidence (taux de polynucléaires neutrophiles < 500 / mm3), aucune hospitalisation n’est justifiée en l’absence de fièvre. Il est au contraire recommandé au patient de rester à son domicile en évitant le contact avec des proches manifestement porteurs d’une infection.
Les facteurs de croissance des lignées blanches (G-CSF, GM-CSF) peuvent être utilisés en prévention primaire ou secondaire des neutropénies fébriles. Il existe des formes en une seule injection après le J-0 de chimiothérapie et des formes en injection quotidienne au nadir du taux de leucocytes (entre le J-6 et le J-12 du cycle de chimiothérapie). Ils peuvent être utilisés dans certains cas en curatif, lors d’une neutropénie fébrile. Ils ne doivent pas être utilisés lors d’une association radio-chimiothérapie concomitante.
Les vaccinations restent tout à fait possible lorsqu’un patient est en cours de chimiothérapie. Il convient néanmoins de choisir le moment optimal au regard du risque de lymphopénie chimio-induite, donc idéalement au moins 3 semaines avant la cure de chimiothérapie.
De même, des extractions dentaires restent tout à fait réalisables si elles ne peuvent attendre la fin du traitement. Il faudra là encore synchroniser le geste avec les cures de chimiothérapie : le risque est minimisé si les extractions sont réalisées juste avant la cure, le temps de cicatrisation correspondant grosso modo à la durée de vie moyenne des leucocytes. Il faut éviter de les faire autour du J-7 à J-10 (période de neutropénie).