5 à 10 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux, selon l’Institut de veille sanitaire. Les liens entre l’environnement et l’apparition de certains cancers font l’objet de nombreuses études. Certains d’entre eux sont prouvés : radon, pollution atmosphérique, particules fines dont Diesel, et d’autres sont toujours en cours d’investigation.
L’environnement, un impact difficile à évaluer :
Évaluer la cancérogénicité d’une substance présente dans notre environnement est une tâche délicate parce qu’un cancer résulte d’expositions successives ou simultanées à plusieurs facteurs, qu’il peut s’écouler de nombreuses années entre l’exposition et l’apparition de la maladie, et que l’on sait encore mal estimer le risque de cancers associés à des niveaux d’exposition faibles mais chroniques à ces substances.
Pour savoir si une substance peut favoriser le développement d’un cancer, il faut pouvoir l’isoler des autres facteurs de risque, pour évaluer sa toxicité et en mesurer l’impact. La complexité de ce sujet rendent difficile l’affirmation de chiffres. Elles peuvent conduire soit à une surestimation ou à une sous évaluation de la responsabilité de l’environnement dans les causes de cancers.
La pollution atmosphérique
L’air que nous respirons est pollué par toutes sortes de composants, d’origine naturelle ou issus des activités humaines, notamment les transports, le chauffage, l’industrie et l’agriculture. Les dernières données scientifiques disponibles confirment que l’exposition prolongée à des niveaux élevés de pollution atmosphérique constitue un facteur de risque non négligeable de cancers du poumon. Une des solutions pour prévenir le cancer consiste à réduire au maximum les émissions de polluants dont les particules fines issues du Diesel. Une importante quantité de polluants de diverses natures circulent dans l’atmosphère. Certains de ces polluants proviennent de phénomènes naturels (éruptions volcaniques, émission de pollens), ou de l’activité humaine (trafic automobile, chauffage par combustion de bois, production d’électricité, activités industrielles et agricoles). La composition et la quantité de ces polluants dans l’air extérieur varient dans l’espace et dans le temps. Elles dépendent également des conditions météorologiques.
Depuis Octobre 2013, les experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont la certitude que la pollution atmosphérique est cancérigène pour l’homme. C’est surtout l’exposition chronique à la pollution atmosphérique (déjà connue pour augmenter les risques de plusieurs maladies respiratoires et cardiaques), qui peut provoquer des cancers du poumon.
Cependant, même si la pollution atmosphérique peut engendrer l’arrivée d’un cancer, c’est le tabac qui en est le premier responsable.
Les pouvoirs publics prennent des mesures pour réduire la quantité de particules émises. Les principales mesures de prévention consistent à limiter les émissions de polluants dans l’atmosphère. La priorité est la réduction d’émission des particules les plus fines, qui pénètrent profondément dans les poumons et qui sont donc les plus toxiques.
En milieu urbain, le trafic routier émet environ 50 % des particules fines, diffusées avant tout par les moteurs Diesel suite à une combustion incomplète du gazole. En France, où la réglementation fixe des normes pour la qualité de l’air avec des valeurs limite maximum à ne pas dépasser, près de 80 sites de capture mesurent en permanence la concentration de ces particules sur le territoire. En cas de dépassement, les pouvoirs publics locaux peuvent notamment décider de réduire la vitesse sur certains tronçons de route. La combustion du bois augmentant le taux de particules dans l’atmosphère, les pouvoirs publics locaux peuvent aussi décider d’interdire les feux de forêts et de jardin, ainsi que l’utilisation de certains moyens de chauffage à base de bois.
Le Plan Particules, adopté en 2010, prévoit plusieurs autres actions concrètes dans le but de réduire de 30 % les émissions de particules fines d’ici à 2015.
– Le radon C’est un gaz radioactif, souvent méconnu, qui se trouve naturellement dans les sous-sols rocheux. Inoffensif à l’air libre, s’il s’accumule dans une pièce en quantité suffisante , il a des effets néfastes sur la santé. Le radon est un gaz inodore et incolore qui provient de la désintégration radioactive naturelle de l’uranium contenu dans les roches granitiques et volcaniques. Dans les espaces ouverts, ce gaz s’échappe dans l’atmosphère et se disperse rapidement. Mais dans les espaces clos où l’air est confiné (grottes, caves, pièces d’habitation), sa concentration peut être multipliée par cinquante. Il s’infiltre dans les bâtiments, s’y accumule puis pénètre dans les voies respiratoires.
Plusieurs études prouvent qu’une exposition régulière à de fortes concentrations de radon, pendant de nombreuses années, augmente le risque de développer un cancer du poumon. Plus l’exposition est intense et longue, plus le risque est élevé. Selon les estimations de l’Institut de veille sanitaire (InVS), entre 5 et 12 % des décès par cancer du poumon en France seraient imputables au radon. Ce dernier est reconnu comme agent cancérigène pulmonaire par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1987. En France, bien que méconnu il constitue le 2e facteur de cancer du poumon, après le tabac. Cependant, le tabac et le radon sont lié : les effets nocifs des deux éléments se cumulent, ainsi les fumeurs ont nettement plus de risque que les non-fumeurs de développer un cancer du poumon à la suite d’une exposition. L’association« tabac + radon» induit des effets qui feraient plus que s’additionner sur la probabilité de développer un cancer du poumon.
Comment se tenir a distance d’un gaz inodore et incolore ? Le radon n’est pas visible, en revanche, si vous habitez dans les Vosges, le Massif Central, la Bretagne, les Alpes et la Corse, vous devez savoir que vous vous trouvez dans une zone exposée au radon. Voici quelques astuces pour éviter que ce gaz s’accumule dans un espace clos :
> L’empêcher d’entrer : grâce à des procédés de construction qui assurent une bonne étanchéité entre les murs et le sol (vide sanitaire, dallage, colmatage des passages des canalisations).
> Renouveler régulièrement l’air intérieur, en aérant quotidiennement les pièces ou en installant des ventilateurs.
Si votre habitation principale, ou votre maison de campagne, est située dans une région à risque, il vous est possible de mesurer la concentration de radon chez vous à l’aide de dosimètres.
Après mesure, si cette concentration est considérée comme importante, vous pouvez demander un diagnostic à une entreprise spécialisée qui viendra chez vous pour analyser les conditions d’étanchéité et de ventilation de votre maison. Elle vous proposera des solutions pour y remédier.
Les pesticides
Les pesticides ont été fortement utilisés par l’agriculture intensive à partir de la seconde moitié du 19ème siècle en France. Ils désignent les produits à usage agricole (insecticides, fongicides, herbicides), les biocides et les antiparasitaires à usage vétérinaire ou humain.
Cette forte utilisation de produits a entraîné la présence de résidus toxiques dans l’environnement, issus de la dégradation des pesticides.
Certains sont issus de molécules aujourd’hui interdites, quelquefois depuis de nombreuses années mais qui, du fait de leur persistance dans l’environnement (eau, sol), peuvent conduire à une exposition des populations.
On les retrouve dans l’eau des rivières et des nappes phréatiques, dans l’air et dans les eaux de pluie. On en retrouve également dans les aliments tels que les fruits, les légumes, les céréales et les produits d’origine animale (œufs, lait, viande, poisson).
Où sommes nous exposés aux pesticides ?
Les pesticides sont partout, De ce fait, toute la population y est confrontée lors d’usages domestiques, de contact avec des milieux contaminés (sol, air extérieur et intérieur, poussières, surfaces, etc.) ou de consommation d’eau ou de denrées alimentaires contenant des résidus. Cependant ce sont surtout les personnes qui y sont confrontées dans le cadre professionnel (lors de la fabrication ou de l’utilisation de ces produits) qui sont le plus dangereusement exposées.
La contamination peut se faire par voies respiratoire, cutanée, ou par ingestion.
Les conséquences de cette exposition sont souvent difficiles à connaître car les effets des faibles doses, des mélanges ou des expositions de longue durée sont mal connus. Toutefois, des études ont démontré l’existence d’un lien entre l’utilisation prolongée de pesticides et un sur-risque de cancer chez les adultes et les enfants.
Le CIRC a évalué et classé une soixantaine de pesticides au regard de leur caractère cancérigène pour l’homme. Les pesticides ayant un caractère cancérigène avéré sont les pesticides arsenicaux, utilisés dans l’agriculture notamment pour traiter vignes, pommes de terre et arbres fruitiers. Trois autres familles de pesticides entrent dans la catégorie des cancérigènes probables.
19 autres types de pesticides sont classés dans la catégorie « cancérigènes possibles ».
Les perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme. Leur spécificité est de pouvoir imiter certaines hormones, ce qui peut interférer avec le fonctionnement de notre système endocrinien, induisant des effets potentiellement néfastes sur l’organisme d’un individu ou de ses descendants. Ces substances chimiques, capables d’altérer le fonctionnement de notre organisme, se trouvent dans l’air, l’eau et les aliments (migration de substances depuis l’emballage, contamination des sols de cultures, résidus hormonaux dans la viande), et s’accumulent au fil de la chaîne alimentaire pour se concentrer dans ses derniers maillons.
Bisphénol A, dioxines, phtalates, chlordécone : ces noms sont ceux des perturbateurs endocriniens les plus connus. En dehors de circonstances accidentelles, nous sommes exposés à de très faibles doses de multiples perturbateurs endocriniens de manière simultanée et continue.
En revanche, en milieu professionnel, les doses d’exposition peuvent être plus importantes. Les secteurs concernés par ces perturbateurs endocriniens, tant au niveau de la production que de l’utilisation sont l’agriculture (à cause de la manipulation de pesticides), l’industrie pharmaceutique (par la production d’hormones), l’industrie chimique (par la fabrication des pesticides matières plastiques).
L’exposition aux perturbateurs endocriniens est aujourd’hui suspectée d’être responsable d’une augmentation du nombre des cancers thyroïdiens, de la prostate, du sein et de l’ovaire, et du testicule.
L’action des pouvoirs publics contre les PE
En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) réalise des travaux d’évaluation du risque, de veille scientifique et de référence sur les perturbateurs endocriniens. Elle soutient par ailleurs des travaux de recherche via son Programme national de recherche en environnement-santé-travail (PNR-EST).
Le 29 avril 2014, le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie a adopté une Stratégie nationale contre les perturbateurs endocriniens, qui a pour objectif de réduire l’exposition de la population et de l’environnement aux PE. Par ailleurs, des rapports d’évaluation des risques relatifs à cinq perturbateurs endocriniens (méthyltert-butyléther, toluène, n-hexane, cis-CTAC, O-phénylphénol) seront bientôt publiés. Ces expertises visent les expositions aux préparations (peintures, colles, parfums d’ambiance pour voiture…) pouvant contenir ces substances.
Au niveau européen, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et la Commission européenne travaillent en lien avec les autorités des Etats membres dans l’objectif d’identifier les critères pertinents pour classer ces substances.
Bisphénol A : réduire l’exposition des femmes enceintes et des jeunes enfants
Le bisphénol A (BPA) est classé comme toxique pour la reproduction humaine. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) rapporte un risque potentiel pour l’enfant à naître de femmes enceintes exposées. Ce risque est lié à une modification de la structure de la glande mammaire chez le fœtus.
L’alimentation constitue ainsi la principale source d’exposition de la population.
Par précaution, l’interdiction d’utiliser du BPA sera étendue à tous les contenants alimentaires en 2015.
A titre individuel, il est recommandé aux femmes enceintes et aux parents de jeunes enfants d’éviter d’utiliser de la vaisselle en polycarbonates (elle est transparente, très rigide et difficilement cassable). S’ils s’en servent tout de même, il est conseillé de ne pas réchauffer de nourriture dans ces contenants et de ne rien y verser de très chaud.